Le coût de la protéine dans l’alimentation aquacole représente un des postes de dépenses les plus important. Cela s’explique en partie par les plus grands besoins en protéine des animaux aquatiques et l’utilisation de la farine de poisson comme source principale de protéine dans l’aliment des poissons et des crevettes.
Durant les 25 dernières années, le prix de la farine de poisson a augmenté de 350%, alors que sur la même période celui du soja, autre source importante de protéine, n’a évolué « que » de 150%. (source Indexmundi).
Cette tendance durable pousse les producteurs d’aliment à avoir une gestion précise de leur utilisation protéique pour couvrir les besoins des animaux sans apport excessif. Cela passe à la fois par une approche de coût, mais aussi de qualité car le terme « source de protéine » englobe une variété d’ingrédients aux compositions et aux qualités intrinsèques très différentes.
En effet, à taux de protéine égal, des variations de la digestibilité ou du profil en acides aminés entre deux matières premières peuvent avoir des répercussions négatives sur la croissance des animaux. Cet article a pour but d’aider à la compréhension des éléments importants à prendre en compte lorsque l’on veut optimiser au mieux la composition de l’aliment.
La qualité d'un aliment dépend principalement de la qualité de ses ingrédients
Pour garantir la qualité d’un aliment, il est primordial de vérifier la qualité des ingrédients qui le constituent. Ainsi, même pour la farine de poisson, une mauvaise transformation ou un mauvais stockage de la matière première peuvent impacter négativement le produit final. Sa qualité nutritionnelle peut être au final inférieure à un ingrédient à priori moins bon (protéine végétale par exemple). Cela dépend de plusieurs facteurs (origine de la matière première, la qualité du processus de traitement thermiques, broyage ou encore séchage, mais aussi du stockage etc).
Malgré les différences entre ingrédients, les points d’attentions sont parfois similaires et des analyses en laboratoire permettent de donner un bon nombre d’indicateurs sur la qualité des ingrédients. Ces indicateurs dépendent de la source de la matière première, comme indiqué dans le tableau ci-dessous :
Par exemple, la qualité de la farine de poisson peut être impactée avant sa fabrication si les poissons ou coproduits qui la composent ne sont pas stockés correctement : leur décomposition dégrade les acides aminés en amines biogènes. L’absence ou la présence de ces amines peuvent être mesurés en laboratoire pour évaluer la fraîcheur de la farine.
De même, lorsque des traitements thermiques sont appliqués il est intéressant de mesurer l’oxydation des produits. La qualité générale de la protéine de la farine de poisson est souvent évaluée par la digestibilité pepsique. Des indicateurs similaires peuvent être analysés sur des farines animales comme la farine de volaille (poultry meal), la farine d’os et de sang (meat and bone meal).
Pour la farine de soja, différents tests existent, comme la mesure de l’uréase ou les facteurs anti- trypsique, afin de mesurer l’impact de la cuisson. Une bonne cuisson favorise la digestibilité protéique alors qu’une cuisson trop forte la dégradera et pourra même réduire la teneur en certains acides aminés sensibles comme la lysine. De même, pour les drèches de brasserie, il peut être intéressant de mesurer la lysine libre. En effet, le principal risque sur ces matières étant la sur- cuisson. La table n°2 synthétise les analyses associées permettant le suivi de la qualité des différentes matières premières. Il est important de suivre ces paramètres en fonction de leur prépondérance dans la formule et du risque associé.
Au-delà de la protéine: la digestibilité et le profil en acides aminés comme repères pour subvenir aux besoins de chaque espèces
Une fois les ingrédients approvisionnés, analysés et validés, la deuxième étape consiste à connaître la digestibilité de celui-ci chez l’animal ciblé. La digestibilité de la protéine dépend de nombreux facteurs. Notamment le type d’ingrédient, la forme des protéines qui le composent, les liaisons avec les autres nutriments, comme les glucides qui peuvent affecter la capacité des enzymes à les digérer.
Par exemple, un des paramètres, qui affecte la digestibilité de la farine de poisson est sa teneur en cendre : plus il y a de cendres et moins la digestibilité sera bonne. Dans les nombreuses sources de protéines végétales, certaines sont plus digestes que d’autres : les farines de pois, soja et haricots étant parmi les plus digestes, alors que le coprah, la luzerne et le lin le sont beaucoup moins.
Les ingrédients utilisés en aquaculture peuvent être issus de process industriel, il est important de prendre en compte quelle partie ou sous-partie constitue l’ingrédient. Le blé, qu’il soit sous forme de grain ou de farine, possède à peu près la même digestibilité, par contre, la présence de son, riche en fibre, réduira la digestibilité de sa protéine.
D’autres traitements industriels peuvent concentrer certains nutriments, comme la protéine, améliorant sa digestibilité. Le gluten de blé, à 80% de protéine, est plus digestible que le « gluten feed » de blé à 20% de protéine, qui est lui-même plus digestible que la graine de blé. Le même phénomène se retrouve pour d’autres ingrédients d’origines végétale ou animale.
Au cours des années, Techna a acquis un savoir et une expérience qui lui a permis de développer ses propres matrices de formulation dans le but d'optimiser au mieux les différents nutriments des formules d’aliment. Ce qui permet d’apporter à ses clients la meilleure qualité d’aliment au meilleur prix.
Un autre aspect à prendre en considération est le profil en acides aminés de la protéine: De manière générale il est plutôt stable dans les matières premières végétales, cependant il peut fluctuer pour les matières premières d’origines animales comme la farine de poissons ou les farines animales, en fonction de l’espèce et de la partie transformée (entier, co-produit, carcasse, sang, plume etc.).
Il est donc très important d’analyser le profil en acides aminés sur ces matières premières. Le graphique n°3 illustre les différents profils en acides aminés en fonction de la matière première. Ceux-ci sont très différents d’un ingrédient à l’autre, ainsi des substitutions d’une matière première par une autre peuvent créer des déséquilibres, comme par exemple la substitution de la farine de poisson par un mélange de produits à base de blé et de maïs peut créer une déficience en lysine.
Toutes ces informations sont intégrées dans la matrice de formulation de Techna et permettent, en association avec les analyses adaptées, de formuler un aliment équilibré. De plus, le laboratoire Techna permet aux clients de Techna contrôler leurs matières premières.
Les informations citées ci-dessus permettent de dresser un bon aperçu de la qualité des matières premières disponibles. La formulation rentre ici en jeu pour s’assurer de la couverture des besoins de l’espèce cible : Pas seulement sur l’apport en azote total, mais aussi en prenant en compte les subtilités comme la qualité, la digestibilité de la protéine et son profil en acides aminés.
Economix: Améliorer l'utilisation de la protéine pour optimiser les coûts
Comme mentionné au début de cet article, la protéine représente une part importante du coût de l’aliment aquacole. Cependant, il existe des moyens de réduire ces coûts, notamment en améliorant la digestibilité de l’aliment. En effet, certains additifs comme Economix peuvent aider à améliorer la digestibilité de la protéine et, par voie de conséquence, les performances de croissance.
Les résultats (cf table 4) d’un essai mené sur des daurades de 115g à Sparos, Portugal, ont montré une amélioration de la digestibilité de la protéine de 93.8% à 94.3% avec l’utilisation d’Economix. Une forte augmentation de la digestibilité de la méthionine a également été enregistrée, passant de 87.9% pour l’aliment témoin à 91.7% pour l’aliment avec Economix. Ces améliorations permettent une « valorisation matricielle, » c’est-à-dire réduire le taux de protéine totale de l’aliment de 1%, tout en conservant la même digestibilité protéique et le même profil en acides aminés..
La composition des aliments est similaire, néanmoins, l’ajout d’Economix a permis de remplacer 2% de farine de poisson notamment par du blé et du monocalcium de phosphate, ce qui a permis de réduire le coût de cette formule daurade de 12.4€/T tout en conservant les mêmes performances.
Un second essai a été réalisé sur des truites de 90g, à l’école vétérinaire de Nantes avec une utilisation d’Economix sans valorisation matricielle, sur un aliment commercial standard et un aliment 100% végétale (sans farine et huile de poisson). Les résultats montrent une augmentation du gain de poids, une réduction du FCR ainsi qu’une quantité de graisse abdominale plus faible, probablement liée à une amélioration de l’utilisation de la protéine et donc un plus faible stockage d’énergie sous forme de graisse. Enfin, l’utilisation a permis de réduire les coûts d’aliments de 3€/T de poissons (Gain réalisé = coût du traitement – gain de performance).
En améliorant la digestibilité de la protéine, Economix ajouté à 0.2% permet de remplacer 2% de farine de poisson par des ingrédients moins onéreux afin de réduire le coût de la formulation tout en conservant les performances. La substitution peut se faire soit avec 1.0% de tourteau de soja et 0.8% de céréale, soit avec une reformulation plus globale en fonction des ingrédients présents à l’usine.
L’équipe Techna se tient à votre disposition pour plus d’informations sur les analyses, la formulation ou l’utilisation d’Economix.
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