La compétitivité en aviculture repose sur des stratégies d’optimisation à tous les niveaux de la filière. Que ce soit dans la filière des œufs de consommation, ou dans celle des poulets lourds, les professionnels doivent s’adapter pour améliorer leurs performances et répondre aux attentes du marché. Quels sont les leviers les plus efficaces pour gagner en efficience dans ces filières avicoles ?
Poules pondeuses : agir sur l’allongement des cycles de ponte
1. Pourquoi augmenter la durée de ponte ?
L’allongement de la durée de ponte des poules constitue un levier majeur de compétitivité dans la filière de production d’œufs de consommation. L’Itavi enregistre déjà d’importants progrès dans ce domaine. En moyenne, les élevages alternatifs (bio, plein air…) ont gagné 55 jours de ponte depuis 10 ans en France, grâce notamment à la sélection génétique. Plus les poules pondent longtemps, en bonne santé, plus l’élevage y gagne. Or les poulettes connaissent une période incompressible et « improductive » jusqu’au démarrage du cycle de ponte. Ainsi, si on calcule le coût de production des œufs, en incluant les dépenses liées à l’achat des poulettes et de l’aliment, celui-ci diminue à mesure que l’âge de réforme des poules augmente : de 1,052 à 0,861 € par kg d’œufs produits. Cependant, cette simulation ne tient pas compte des risques zootechniques.
Au-delà de l’analyse économique, repousser l’âge de réforme, c’est aussi augmenter la durée d’élevage des volailles, en réponse aux attentes sociétales. Attention toutefois à maintenir les animaux dans des conditions de santé et de bien-être acceptables.

2. Comment améliorer la persistance de ponte ?
L’allongement de la durée de ponte est un axe de progrès technico-économique, sous réserve du maintien des animaux dans de bonnes conditions d'élevage. En effet, le prolongement de la carrière des poulets pondeuses comporte trois principaux risques. La chute de ponte en fin de lot, la fragilisation des coquilles et l’augmentation de la mortalité de poules. Selon plusieurs études, la persistance de ponte repose sur la bonne préparation des animaux. Il faut être particulièrement vigilant sur l’atteinte d’un poids « seuil » en début de ponte. Ainsi, une étude sur 320 lots au Maroc (2014-2022) démontre le poids critique des poulettes à 20 semaines, sans phénomène de rattrapage possible par la suite. La nutrition, qui repose sur 3 grands piliers, joue un rôle clé : l’optimisation de la prise alimentaire (via la qualité des granulés et l'ajout d'huile), la gestion des ingérés protéiques et énergétiques, et l'accompagnement de la minéralisation.
« En route vers les 500 œufs par poule ! C'est l’objectif que nous avons en tête, mais nous allons devoir le travailler ensemble ». Glenn Panaget, spécialiste espèce volaille Techna
Poulets lourds : leviers de compétitivité à l’échelle de la filière
1. Comment maximiser le rendement en filet ?
La production de poulet lourd est actuellement en pleine croissance en France. Ce segment représente aujourd’hui près d'un quart des mises en place, principalement à destination de l'industrie de transformation. Le rendement en filet, partie la plus noble de la viande, est scruté de près par les professionnels de la filière. Quels sont les facteurs d’expression du rendement filet ? Le premier est tout simplement le poids de l’animal. Des essais (Euronutrition 2016-2024) montrent une forte corrélation entre le poids vif et le poids des filets, avec une progression moyenne de 240 g de filet par kilogramme de poids vif.

Ainsi, on constate des variations du rendement filet selon :
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La génétique : les poulets de souche Cobb FF présenteraient de meilleurs résultats à nutrition équivalente.
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Le sexe : les femelles ont un meilleur rendement filet que les mâles
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L’environnement : la lumière (influence de la photopériode, de l’intensité et du spectre lumineux). Un stress thermique et l’augmentation de la densité pénalisent également le poids du filet.
- La nutrition : une augmentation de 0,05 % de lysine digestible permet un gain de 0,6 point de rendement filet en conditions optimales.
2. Sexage ou tout-venant : quels impacts sur la filière poulet lourd ?
Techna a réalisé une étude d’impact comparant différents schémas de production du poulet lourd sur la base d’une simulation pour un parc de 93 000 m² de bâtiments d’élevage. La production des volailles en « tout-venant » est économiquement plus avantageuse avec un âge optimal d'abattage de 44 jours. La simulation met en avant une économie notable de 165 000 €. La production avec sexage nécessite quant à elle un âge d'abattage plus tardif (48 jours). Toutefois, cette étude ne prend pas en compte les exigences de l'industrie aval en matière d'homogénéité des carcasses et de qualité des produits. On constate ainsi une plus grande dispersion du poids des carcasses en production “tout-venant”, ce qui est peu compatible avec le maillon abattoir.
Conclusion
Pour la filière œufs de consommation, l’allongement de la durée de ponte, couplé à la persistance de la ponte, est une réserve de compétitivité.
Pour la filière poulets lourds, de nombreux facteurs participent à l’expression du rendement filet, au premier rang desquels la nutrition. Mais d’autres facteurs d’élevage sont aussi très influents (génétique, environnement, sexe…).
Le choix des modalités de production du poulet lourd (poids et âge d’abattage, tout-venant ou sexé) a un impact économique majeur au niveau d’une organisation de producteurs, mais se pose surtout la question de l’adéquation du produit avec l’industrie aval.
Feedia incarne l’offre de conseil et solutions en techniques d’élevage et nutrition de précision de Techna au service de la performance des organisations de productions, des fabricants d’aliments et de leurs clients éleveurs.